Le bouquet

Hier, m'est parvenu, scintillant de rosée,
Ce messager porteur d'une exquise pensée ;
Confus d'avoir émis de timides aveux,
Je l'ai vu palpiter entre mes doigts nerveux
Tremblant d'émotion, peut-être d'espérance...
Et d'une main fébrile et sans plus d'assurance
Je retirai ton Nom de ce coeur embaumé,
Ton Nom et quelques mots frères du verbe "aimer".
A mon tour je vous lis de cet aveu fort sage,
En secret l'auteur, l'adorable message.

Voici mes fleurs toutes jaillies
Des près, des champs, même des bois;
Dès le matin, fraîches cueillies,
Elles sont simples, c'est ma loi.

Que chacune de ces corolles
Aspirant du ciel la clarté,
En dépit de son coeur frivole,
Rende hommage à votre beauté.

Ce lys roux soutient la nuance
Qui se glisse dans vos cheveux ;
Au délicat bleuet je pense
Devant le miroir de vos yeux ;

A la fraîcheur de l'églantine,
Quand un sourire de printemps
Me révèle - blanche aubépine -
Les doubles perles de vos dents.

De vos lèvres, rouges, vermeilles,
Ce coquelicot prend le ton,
Et j'ai choisi pour vos oreilles
La forme de ce liseron.

Tout entière Fleur élancée,
Si mon doux rêve doit finir,
Veuillez mettre l'humble pensée
Dans le jardin du souvenir.

Cette Pensée, Ami, loin d'éveiller un blâme
Malgré sa modestie, est pareille au dictame,
Oubliez dès ce soir la crainte des aveux,
Et reprenez la Fleur où se cachent mes voeux...

Mary-Lise BESSIERES