L'exilée
La pauvre enfant montait, dans un rude chemin
Sur la verte colline, un bouquet à la main ;
Elle allait le porter, là-bas, au cimetière,
Sur la pierre qui couvre et son père et sa mère.
Elle parvint enfin au sommet du coteau,
Et dans le cimetière elle arriva bientôt.
Alors, pieusement, de sa voix la plus claire,
Elle fit, à genoux une courte prière.
Sa parole était triste et si tendre à la fois,
Et si mélancolique était sa douce voix,
Que les petits oiseaux cessèrent leur ramage
Afin d'entendre mieux son si touchant langage.
"Il me faut te quitter, pourtant bien jeune encore?
O mon pays natal ! Ah ! pourquoi donc la mort
Ne m'a-t-elle pas prise et n'a pas réuni
Ma cendre aux os aimés de mon père béni !
Je ne reviendrai plus, hélas ! mes chers parents ?
Dans ce champ du repos pleurer quelques instants ;
Je n'apporterai plus où dorment ceux que j'aime,
Le modeste bouquet que je faisais moi-même.
Ses charmants cheveux noirs tombant négligemment,
Étaient par le zéphir soulevés doucement.
Son visage, baigné par d'abondantes larmes,
Paraissait posséder encore plus de charmes.
Adieu donc pour toujours ! Adieu, petit ruisseau,
Verdoyante colline, adieu charmant hameau,
Je ne reverrai plus tes eaux pures et claires,
Tes champs ensoleillés et tes humbles chaumières.
Elle disait, poussant d'inutiles sanglots,
Et de ses yeux coulaient des larmes à grands flots,
Tandis que le soleil, ayant vu son visage
En pleurs, s'était caché derrière un noir nuage.
Soudain, l'émotion l'empêcha de parler,
Alors on entendit un écho répéter,
D'un accent affaibli, jusque dans la vallée :
Adieu !... dieu !...dernier mot de la pauvre exilée.
J. S.