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Des poèmes et des chats
12 août 2013

Le renard et le paysan

Un vieux renard expert au métier de maraude,
Hypocrite madré ne vivant que de fraude,
Au retour du butin, nez à nez, par hasard,
Rencontre un paysan - "Or çà ! maître Renard, 
Tu viens de me voler... Cette poule..."  -"Elle est morte,
Et pour te le prouver, tu vois, je te l'apporte.
Je l'ai vue en passant se jeter dans l'étang ;
Ma pauvre soeur, hélas ! s'est noyée à l'instant.
J'ai voulu vainement la sauver à la nage ;
Il est bien malheureux de mourir à cet âge !"
Ce disant, il avait des larmes dans la voix :
Il pleurait et sous cape il riait à la fois.
Gros-Jean se laissa prendre à la supercherie.
(Qui donc n'est pas dupé par la renarderie ?)
- "Voisin, dit le Normand, je me suis amendé,
Ce matin même au prône on m'a recommandé ;
Je vivrai désormais de jeûne et d'abstinence ;
Je veux finir mes jours en faisant pénitence.
Adieu la grasse chère et les plats succulents,
Les beaux raisins dorés et les fins ortolans,
Je renonce aux chapons du Mans et de la Bresse.
De mes anciens méfaits tout haut je me confesse,
Et pour les expier, j'irai dans un couvent."
- "Compaing, dit le rural, écoute-moi : Souvent
J'ai tâché de trouver quelqu'un de sûr, d'honnête,
Pour garder ma volaille, et j'ai mis dans ma tête
De te donner ce poste. En veux-tu ? marché fait !
Mais j'ai bon oeil et poigne : à ton premier forfait
Tu mourras sans merci, j'en ferai mon affaire."
Le renard lui répond : " - Tope ! laisse-moi faire,
Je serai bon gardien, je t'en fais le serment."
Ile le fut en effet et fort diligemment :
Lorsque le paysan, au bout d'une semaine,
Vint voir son poulailler, il trouva maison pleine.
Pas le moindre poussin ne manquait à l'appel.
Jamais beau dévouement ne fut plus paternel...
Mais tout avait péri dans la faisanderie.
- Ah ! scélérat, c'est toi !" Le renard se récrie :
- "Moi !... quitte ce soupçon. Comme je travaillais
Et tandis qu'avec zèle ici je surveillais,
On te pillait ailleurs. Je n'avais point la garde 
De tes faisans. Le poulailler seul me regarde."
Ce discours ne plut point. - "J'admire ton aplomb,
Dit Gros-Jean, mais voici ma réponse : du plomb !"

Gare aux fourbes ! Ils ont leur sac plein de malices
Et tous leurs aires benoîts sont autant d'artifices.

Jean REMY

Aout2013_003

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Commentaires
F
Superbe ton poème, et un grans merci à toi pour ton passage sur mon blog. Je vais d'ailleurs y poster d'autres articles. Bisous à toi, Rose-Marie. Joelle
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