La consolatrice
Le soir, je sens parfois mon âme qui s'attriste,
Mon âme solitaire, où vibrent les douleurs,
Comme des luths voilés que réveille un artiste.
Est-ce l'illusion morte des jours meilleurs
Qui revient, le front las, veuve déshonorée,
Éteindre mon espoir au souvenir des pleurs ?
Je ne sais, mais dans moi quelque peine ignorée
Filtre très lentement quand le soleil s'enfuit.
Est-ce un pressentiment mystique des jours sombres,
Quelque péril caché se dressant dans la nuit
De l'avenir, ainsi qu'un glaive qui reluit ?...
Alors pour qu'un rayon dans mon âme embrumée
Se glisse, je t'évoque, avec tes yeux rieurs
O toi ma trop lointaine. O toi ma trop aimée
Dont la bouche aussi vermeille que les fleurs !
Ton fantôme dissout la dolente fumée
Et je vois revenir l'essaim des clairs bonheurs.
Jules BOIS