Noces d'Or
Pour fêter, en ce jour, cinquante ans de ménage
Je ne suis plus, hélas ! capable de chansons ;
Je ne peux qu'ébaucher des vers de mirliton
Claudiquants, sans vergogne, en raison de mon âge !
J'évoquerai, pourtant, notre belle aventure,
Quand, recherchant, tous deux, notre félicité,
Je me suis effondré dans les bras de Nané
Délaissant quelque peu son violon, sa peinture...
Mais, j'ignorais, alors, l'objet de ma conquête
Qui se manifesta en expositions,
Autant qu'à la maison, de toutes les façons,
Et avec tant de fougue, à en perdre la tête !
Elle excellait en tout et demeurait féconde ;
Et, pour le démontrer à ses admirateurs,
Sur toile elle peignit le fruit de ses ardeurs :
Les tricots en couleur de tout son petit monde.
N'a pas pu éviter, bien qu'elle fût habile,
La lourdeur d'une jambe , l'ablation d'un rein,
Ni la brûlure au bras d'un fourneau mal éteint,
Ni des chutes brutales dans son automobile.
Lorqu'enfin libéré' de sa progéniture,
Elle pût, grâce au ciel, mieux supporter ses maux,
Elle reprit, du coup, le jeu de ses pinceaux
Pour exprimer, toujours, les traits de la nature.
Pardonnez-moi, enfants, cette futile esquisse,
Nous ne parlerons plus de ce temps révolu...
Souvenez-vous, pourtant, que nous avions voulu
Vous voir, à nos côtés, avant qu'il ne finisse !