Peinture
Mais la peinture aussi, c'est une poésie ;
C'est une passion, c'est une frénésie ;
Je barbouille, c'est tout, et qui pourrait s'en plaindre ?
Ma toile ? elle est docile, elle se laisse teindre ;
Je lui jette du vert, et du rouge et du blanc ;
Et j'esquisse un portrait plus ou moins ressemblant,
En un mot, je m'amuse et puis surtout j'oublie
De ma coupe ici bas le nectar ou la lie...
Beaux-arts ! trésors divins, laissez-moi vous bénir,
Sans être votre élu, ah ! je puis vous chérir.
Je vous dois de mes jours les plus pures délices,
Mon courage, peut-être, en mille sacrifices.
Ma palette à la main, je brave mes douleurs.
Je les broie en chantant, en broyant mes couleurs
Sur ma toile, à plaisir, je fais surgir, n'importe,
Un bébé, sa maman qui tendrement le porte,
Une fleur, un agneau, la prairie et les eaux ;
L'univers m'appartient quand je tiens mes pinceaux
Envoi :
On dit que les présent parfois prouvent l'amour,
Voulez-vous un tableau ? Vous l'aurez quelque jour ;
Un tableau ! permettez, je veux dire une croûte,
Pour vous, - comme pour moi, - il n'y a pas de doute.
Je cours y travailler en vous disant merci ;
Pour me comprendre mieux, amis, peignez aussi.
Jean TOMELLING