Aveux

Je voudrais délivrer un secret qui m'oppresse
Et dire "Je vous crois, Ami" tout simplement.
Mais comment avouer cet élan de tendresse
Jailli sous un baiser, et presque brusquement ?

Pareille à la fée ayant d'un or magique
Transformé la chaumière en riche palais,
Vos lèvres ont détruit la prison nostalgique
Où mon esprit chagrin lentement s'étiolait !

Depuis, votre pensée habille tous mes actes
Aux souvenirs nouveaux j'élève un reposoir,
Subtilement l'Amour vient de conclure un pacte
Loin des mornes sentiers parcourus chaque soir.

J'ai cru pouvoir longtemps garder l'âme sereine
Mais le sort trop malin n'a tendu ses filets,
Un vertige inconnu s'est glissé dans mes veines,
Votre image me hante ainsi qu'un feu follet ;

Et lorsque je demande à ma retraite austère
Le courageux oubli de cette liaison
La flamme, en un seul jet, s'élève sur la terre
Pour augmenter mon trouble et vaincre ma raison.

Inutile de fuir... J'ai mon âme captive ;
Alors les yeux remplis de craintes et d'émoi,
Je regarde danser la lueur fugitive
Et tous les feux follets qui s'éveillent en moi !

Mary-Lise BESSIERES