Souvenirs

Ce soir avec ferveur je poursuis un voyage
Et j'abreuve mon âme aux sources du passé
Afin de recueillir dans ce pélerinage
La sève d'un roman à peine commencé.

Ton exil a laissé jaunir les pages vides.
Ton chapitre finit sur un seul mot : Espoir.
La chaîne des saisons sans trêve se dévide
Et tu ne vis pour moi qu'au fond d'un grand tiroir !

Dans ce lieu j'ai groupé tout ce qui me rappelle
Ne fut-ce qu'un instant l'image du bonheur :
Des fleurs... De tes cheveux une boucle rebelle...
Des poèmes aussi... que je connais par coeur.

Dans l'album de photos je cherche ton sourire,
Tes lèvres qui m'ont fait de si tendres aveux !
Je cherche à deviner ton âme et je soupire
Lorsqu'un pâle cliché me dérobe tes yeux.

Ô souvenirs épars comme feuilles d'automne
Qui n'exhalent ce soir qu'un parfum de bois mort !
Je voudrais vous tresser pourtant une couronne
Et ne parler de vous qu'en majuscules d'or...

Evoquant à la fois une trame légère
Et son reflet vivace au chapelet des jours,
Je voudrais vous offrir une prison de verre
Où limpide arc-en-ciel, se peindrait mon amour...

Je voudrais retirer un fragile tison
De l'âtre de mon coeur tout plein de cendres chaudes,
Et jeter sur le point qui brillerait en fraude
L'essence de ma vie... et mon dernier frisson !

Mary-Lise BESSIERES