Mirage
Je t'aime... tristement... et tu feins d'ignorer
A quel point j'ai subi l'emprise de tes charmes,
Sauras-tu lire un jour au travers de mes larmes,
Et comprendre pourquoi ton nom m'a fait pleurer !
Pourrais-je t'en vouloir, monstre d'indifférence ?
Tant d'autres ont connu tes faveurs avant moi
Que tes sens sont blasés, incapables d'émoi.
Les miens par ton baiser ont connu la souffrance.
Un baiser !... et depuis, captif dans sa prison,
Malgré les chaînes d'or que lui forge mon âme,
L'innocent se débat, inconscient du drame
Qui peut mettre en péril une frêle cloison.
Je t'aime et j'en mourrai... lentement consumée
Par ce rayon d'amour qui n'a brillé qu'un soir.
Sur un ton déférent tu m'as dit : "Au revoir",
Moi je te dis : "Adieu", ma lutte est terminée.
Je laisse tes faveurs reprendre leur essor.
Sauras-tu quelque jour le prix de leurs ravages ?
Et je t'offre ces vers en échange au mirage
Qui précède mes pas vers un autre décor.
Sois heureux malgré tout sous ton ciel d'espérance
Mais songe quelques fois à mon humble secret.
Pardonne ma folie et s'il naît des regrets,
Pique-les sur ma croix au jour de délivrance.
Marie-Lise BESSIERES