Fin de journée
Ils avaient descendu le soleil et l'avaient posé sur les genoux de la vieille.
C'était un soleil miroir où s'allumait un champ de blé
La vieille était couleur de pain
Elle caressa le soleil et le moulin se remit à tourner
Le bruit de l'aile ressuscitée éveilla l'enfant
C'était un enfant ciel mû par l'écho du vent
Il se mit à tresser les rayons du soleil.
La lumière de juillet lui ruissela des doigts
Le soleil s'anima. Il quitta les genoux de la vieille et se posa sur la tablette de la cheminée
Il tenta d'allumer les deux bougies du chandelier
mais le soir s'interposa. Il passa entre la flamme du moment et la vie du regard.
La vieille glissa hors du jour.
Profitant de l'éclipse, l'enfant s'évapora.
Alors ils s'approchèrent. Le mouvement qu'ils firent en se penchant sur la vieille fit résonner l'argent de leurs pensées.
La nuit rendit un son métallique.
Les ailes du moulin se fermaient. Les champs de blé s'éloignaient. Une vapeur esprit montait vers les étoiles.
Arlette CHAUMORCEL - 1er prix Rose d'or 1972