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Des poèmes et des chats
16 décembre 2010

Le lièvre et le poirier

novdec2010_002

Maître Couart, le lièvre, avait, un jour, quitté
Le gîte qu'il occupe au bord du bois... L'été
Rayonnait sur les champs tranquilles,
Les toits étincelaient, leurs tuiles
Avaient la couleur des coquelicots.
Tout chantait : hommes et feuillage
Et les coqs lançaient leurs cocoricos.
C'est un plaisir de partir en voyage
Par un jour comme celui-là !
Et Maître Couart s'en alla,
Plein de bravoure à l'aventure,
Tel un touriste heureux, sans presser son allure.
Il gambadait parmi les blés,
Courait en s'allongeant, parmi les betteraves,
S'amusait par instant à des bonds endiablés
Et, comme alors il était des plus braves,
Faisait halte pour grignoter.
Il ne négligeait pas cependant d'écouter,
Les oreilles au vent, le moindre bruit qui passe,
Puis il repartait d'un élan,
L'arrière-train en l'air, sautant, dansant, roulant,
Jusqu'à ce que, l'allure lasse,
Il s'en vint se blottir à l'ombre d'un poirier.

Maître Couart est là, comme dans un terrier,
Et, sans inquiétude,
Goûte le repos et la solitude.
Heureux d'avoir couru la plaine bravement.
Un mulot qui sortait de terre
Le voit et se sauve... Le lézard dormant
Se réveille ; il a peur, cherche de la poussière
Pour s'y réfugier et file en zigzaguant...
Maître Couart d'abord s'agite :
Il est prêt à prendre la fuite,
Puis, s'étant rassuré, dit d'un ton arrogant :
"On me craint, c'est notoire,
Je suis comme celui dont on m'apprit l'histoire
Et qui faisait rentrer les grenouilles sous l'eau ;
Vit-on jamais des poltronnes pareilles ?
Être poltron, ça n'est pas mon défaut."
Tout en disant ces mots, il bougeait les oreilles
Pour épier l'ombre d'un bruit ;
Le feuillage que le vent froisse
Un instant le remplit d'angoisse ;
Il se remet, regarde, il aperçoit un fruit
Que porte une branche qui penche.

"Ce fruit me conviendrait ; je l'ai bien mérité
Pour avoir aussi bien trotté.
Ah ! si le vent pouvait secouer cette branche !"
Pensa Maître Couart.

Or le vent qui passait
Comprit ce qu'il pensait.
Il ébranla la branche et fit tomber la poire
Sur le nez de Maître Couart.
Aussitôt le poltron vantard
Bondit, plein d'épouvante et, jusqu'à la nuit noire,
Il court comme un lièvre affolé,
Les oreilles contre l'échine.
La peur aux reins, il court et le ressort musclé
De ses pattes d'acier active sa machine :
Il voudrait s'arrêter, mais toujours le ressort
Le force à filer de plus en plus vite ;
Il court, il court, la peur accélère sa fuite,
Moi, je crois bien qu'il court encor...

Pierre COURTOIS

novdec2010_001

 

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