Vent d'ouest
Chante ! pleure ! mugis ! brise le chêne altier,
Vent d'Ouest ! et pourtant, pense à l'épine blanche !
En la ville opulente abat tout un quartier
Mais respecte le chaume et le vieux mur qui penche !
Chante ! pleure ! mugis ! chasse le miasme impur,
Vent d'Ouest ! assainis l'univers ! âpre haleine,
Déchire-nous les cieux et rends-nous notre azur !
Souffle ! qu'il resplendisse en sa beauté sereine !
Chante ! pleure ! mugis ! je m'incline en sentant,
Vent d'Ouest ! effleuré par ton aile rapide
Mon front pensif... là-bas, où tu fus un instant
Tu ridas de l'étang la surface limpide...
Chante ! pleure ! mugis ! ô barde armoricain,
Vent d'Ouest, au jardin tu caresses les roses,
Puis au pied de la croix, triste, éclatant soudain,
Tu jouas, orgue sourd, tes hymnes grandioses !
Chante ! pleure ! mugis ! le blanc clocher à jour,
Vent d'Ouest ! à ton souffle opposant sa colonne,
A vibré tout entier, en un élan d'amour,
Comme une harpe d'ange au Paradis résonne !
ANNE-MARIE