Les feuilles du chêne
Comme des bras tordus et maigres de vieillard
Harassant le ciel gris de prières dolentes,
Les rameaux défeuillés et moroses des plantes
Se dressent, à travers les loques du brouillard.
Oh ! les nids, les rayons, les brises embaumées !
Les aubes d'hyacinthe et les soirs carmin !
Oh ! les fleurs du printemps croulant sur le chemin
Comme les pleurs heureux et graves des ramées !
Ils n'en ont rien gardé, les mornes vétérans,
Les vieux arbres frileux, sans rayons, sans oiselles !
Quand le souffle d'automne eut dispersé les ailes,
Ils jetèrent loin d'eux leurs feuillages mourants !
Mais, en dépit du vent qui hurle sous les portes,
Là-bas, un chêne sombre et haut comme une tour,
Tel un aïeul gardant ses souvenirs d'amour,
Garde sur ses bras noirs toutes ses feuilles mortes !
Il les conservera jusqu'aux matins bénis
Du prochain renouveau, les chères trépassées !
Puis, elles tomberont de ses branches lassées,
Mais les jeunes oiseaux les mettront dans leurs nids.
Jean RAMEAU