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Des poèmes et des chats
21 février 2007

La colère du chat

Gardez-vous de gronder un chat qui vagabonde,
Sinon, vous risqueriez tous les malheurs du monde !

L'autre jour, en effet, un beau chat siamois,
Etant allé chercher au loin quelque aventure,
Fut en route séduit par le joli minoisuntitled1
D'une chatte superbe, à qui Dame Nature
Avait donné le souffle odorant du printemps.
Jamais, le dit Matou n'avait eu cette aubaine
De trouver en chemin des charmes si tentants.
C'est pourquoi, sur le champ, il se donna la peine
De chasser tous les chats rôdant aux environs.
Puis, autour de la chatte, ayant fait mille grâces,
Et des ronrons plus forts que ceux de cents larrons,
Il avançait vers elle, en pas très efficaces,
Quand soudain, une femme à qui ces miaulements
Dérobaient le bienfait d'un sommeil légitime,
Surgit pour mettre fin à ces agissements.
Et comme le matou, prenant l'air fourbissime
Du félin qui s'apprête à quelqu'un déchirer :
- "Sale coco, veux-tu bien calmer ta colère ?"
Dit la femme en courroux et, loin d'obtempérer,
Le Matou, s'élançant ainsi qu'une vipère,Animaux035
Lui mordit méchamment la face et les deux mains.

Aussitôt, celle-ci de traduire en justice
L'abominable auteur de ces faits inhumains,
Afin qu'il lui soit fait retour du préjudice ;
Et fut, par même exploit, citée au tribunal
La mégère au bon coeur qui, dans le voisinage,
Donnait vivre et couvert à ce chat infernal.
La maîtresse du chat soutint avec courage
Qu'en l'espèce c'était la provocation
Que l'on devait tenir pour l'exclusive cause,
Du crime, car c'est une abomination
De traiter de "coco" cette adorable chose
Qu'est un chat siamoi, et surtout d'ajouter
A ce terme infâmant qu'on n'ose pas redire,
L'épithète qu'on sait. Ce serait attenter
Au sens, à la raison que de ne pas souscrire
Ace fait que le chat indûment provoqué
Avait droit de répondre au moyen de ses griffes.

Et ce sytème fut soutenu, répliqué
Par l'éminent Bady, devant qui les pontifes
S'empressent aujourd'hui de mettre chapeau bas,
Et son verbe éclatant fit impression telle
Que le juge, voulant bien décider du cas,
Mit, en délibéré, l'affaire criminelle.

Les bons esprits prévoient que l'illustre Matou,
Dont il n'est le pareil d'ici jusqu'à l'Araxe,
Ne peut, grâce à Bady, n'avoir pas la relaxe ;
Et de tous les arrêts, se sera le moins fou !

Le 23 Janvier 1934
Au Temple de Thémis (Cour d'Appel de Montpellier)

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