HAREM
Or je suis rongé par de bizarres névroses,
Et mes sens détraqués boivent l'âme des fleurs.
Pour calmer cette soif, quand viennent les chaleurs,
J'ai tout un harem en un parterre de roses.
C'est là qu'embaument et vibrent aux moindres causes
Les femmes d'autrefois : Aspasie et Phryné,
Laïs et Marozie en habit satiné,
Après avoir subi plusieurs métamorphoses.
Les pourpres sont devant et les blanches au fond,
En gamme harmonieuse où rien ne se confond.
Et sur un tertre bas, fauve, en pleine lumière,
Ce qui dans les vieux temps fut Ninon de Lenclos
Jaillit entre les feuilles, bouton frais éclos,
Or mauve irradié de la rose trémière.