Les cerises
Au flâneur, le long du marché,
Mai, qui sourit, fait des surprises, :
Par hasard m'étant approché,
J'ai vu les permières cerises !
Ces beaux fruits, ronds, brillants, charnus,
Sur des lits épais de fougère,
Pour nous tenter sont revenus
Avec la fraise bocagère.
Dès ce soir, les petits enfants
Aux lèvres pures et vermeilles,
Après leur dîner, triomphants,
Se mettront des pendants d'oreilles.
Plus tard, dépouillant les buissons,
Et barbouillés du jus des mûres,
Ils iront jaser, gais pinsons,
A l'ombre des vertes ramures.
Mais mon coeur se serre. - Pourquoi ?
- Je songe à ma lointaine enfance,
Aux rires de si bon aloi,
Pleins de naïve insouciance...
En ce temps ma mère à son cou
Me prenait (ô douceurs exquises !)
Et, très fier d'un bouquet d'un sou,
J'avais les premières cerises !
Alex PIEDAGNEL