Le merle et le pic vert

C'était dans la forêt prochaine...
Deux oiseaux, au dernier avril,
Tout en échangeant leur babil,
Préparaient leurs nids sur le même chêne.

L'un était un pic vert et l'autre un merle noir,
Et tous deux travaillaient du matin jusqu'au soir.
Le premeier s'efforçait de percer une fente,
A petits coups de bec, dans le vieux tronc noueux.
Sa besogne était lente,
Car l'écorce était rude et le bois fort rugueux.
Quant au second, c'était sur une haute branche,
Qu'avec paille et copeaux, il bâtissait son nid.
Son travail alla vite, et fut bientôt fini.
Alors, tout triomphant, vers le pic il se penche.
"Mon nid, dit-il, est terminé
Et, tu peux en juger, il est bien façonné.
Au lieu d'user ainsi ta force
A vouloir trouer cette écorce,
Pourquoi ne prends-tu pas le modèle sur moi ?"
Le pic vert ne resta pas coi.
"C'est qu'au lieu de bâtir, comme toi, sur le vide,
Répondit-il, je veux construire un nid solide
Où puissent mes petits braver tous les autans."
Et, reprenant sans autre ambage,
Son labeur, le pic vert travailla fort longtemps
Avant d'achever son ouvrage.

L'été passa, puis vint la mauvaise saison.
"Oh ! Oh !... voici l'hiver ! dit, dans son nid, le merle,
Tandis que le pic vert, blotti dans sa maison,
Se moque, bien au chaud, du vent froid qui déferle."
Or, à peine le merle, entrevoyant les maux
Qu'il souffrirait, pendant les longs mois de froidure,
Avait-il dit ces mots,
Qu'un brusque coup de vent, soufflant dans la ramure,
Emportait dans les airs, en un tourbillon fol,
Le nid fragile, d'où le merle prit son vol,
Juste à temps pour ne point, par la branche cassée,
Avoir sa tête fracassée
Sur le sol...

La morale de cette fable
Est un adage bien connu :
On ne fait rien qui soit durable 
Que par un effort continu.

Henry de GORSSE

Comments

[frieda31]

Un bel joli oiseau!!