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Des poèmes et des chats
21 novembre 2011

Le rêve de mon enfant

« Mère ! petite mère ! Il m’appelait ainsi ;
Et moi je tressaillais à cet accent si tendre !
Tout mon être agité s’éveillait pour l’entendre.
Je ne l’entendrai plus… Il ne dort plus ici
Où retentit sa voix qui calmait ma souffrance,
 Comme la voix de l’espérance ;
Formée, on l’aurait dit, de rosée et de miel.
Le ciel en fut jaloux : elle doit être au ciel.
Non, elle est dans mon cœur, je l’y garde enfermée ;
Elle soupire encore, elle parle avec moi.
Durant mes longues nuits, cette voix tant aimée
Me dit : « Ne pleure plus, je prie encor pour toi. »
O moitié de ma vie à ma vie arrachée !
Viens, redis-moi ton rêve : il m’a prédit ton sort.
Que ta plainte une fois de mon cœur épanchée,
Rappelle un jeune cygne et son doux chant de mort.
« Écoute, m’as-tu dit, écoute mon beau songe !
Le premier, le dernier qui berça ton sommeil. »
De ce récit confus, prophétique mensonge,
Cher innocent ! tu vins saluer mon réveil :
Écoute ! je dormais, j’avais dit ma prière !
J’ai vu venir vers moi deux anges. Qu’ils sont beaux !
Je voudrais être un ange ! Ils portaient des flambeaux
Que le vent n’éteint pas. L’un d’eux m’a dit : « Mon frère,
« Nous venons te chercher : veux-tu nous suivre ? – Oh ! oui,
« Je veux vous suivre… On chante. Est-ce fête aujourd’hui ?
«  - C’est fête ; viens chercher des parures nouvelles. »
Et mes bras s’étendaient pour imiter leurs ailes ;
Je m’envolais comme eux, je riais j’avais peur,
Dieu parlait ; Dieu pour moi montrait une couronne :
C’est aux enfants chéris que sa bonté donne,
Et Dieu me l’a promise, et Dieu n’est pas trompeur.
J’irai bientôt le voir. » - « O mon enfant ! ma vie !
Où donc étais-je alors ? – Attends… Je ne sais pas.
Tu pleurais sur la terre où je t’avais suivie.
- Tu me laissais pleurer ? – Je t’appelais tout bas.
- Tu voulais me revoir ? – Je ne pouvais, ma mère :
Dieu ne t’appelait. » Un froid saisissement
Passa jusqu’à mon cœur et cet être charmant,
Calme, rêvait encor sa céleste chimère !
Dès lors un mal secret répandit sa pâleur,
Sur ce front incliné, qui brûlait sous mes larmes.
Je voyais se détruire avant moi tant de charmes,
Comme un frêle bouton s’effeuille avant la fleur.
Je le voyais… et moi, rebelle et suppliante,
Je disputais un ange à l’immortel séjour.
Après soixante jours de deuil et d’épouvante,
Je criais vers le ciel : Encore, encore un jour !
Vainement. J’épuisai mon âme tout entière,
A ce berceau plaintif j’enchaînai mes douleurs,
Repoussant le sommeil et m’abreuvant de pleurs,
Je criais à la mort : Frappe-moi la première !...
Vainement. Et la mort, froide dans son courroux,
S’irritant de l’espoir qu’elle accourait éteindre.
En moissonnant l’enfant, ne daigna pas atteindre
            La mère expirante à genoux.

Mme DESBORDES VALMORE

reve

 

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Commentaires
F
Les reves d'enfants étaent bien fantastiques!
Répondre
F
Superbe dessin, ça va me donner envie de me mettre aux arts plastiques! Bisous
Répondre
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