La promenade
Venez, amis, la campagne est si belle !
Allons jouer sur le bord du ruisseau ;
Chaque buisson cache une fleur nouvelle,
Dans chaque arbre chante un oiseau,
Le beau printemps a mis sa belle robe,
Les boutons d’or au moins ne manquent pas !
La violette aux regards se dérobe,
Mais son parfum la trahit sous nos pas.
La primevère et l’anémone blanche
Ont tapissé le pied de ce bouleau ;
Plus loin voilà des touffes de pervenche
Qui se mirent au bord de l’eau.
Un petit pont vous mène à l’autre rive,
C’est un vieux chêne à demi renversé ;
N’ayez pas peur : une brebis craintive
Par ce chemin l’autre jour a passé.
Bon, nous voici dans la grande prairie !
O mes amis ! quel splendide gazon !
Quels bancs de mousse ! et là-bas, je parie,
Des marguerites à foison.
Dieu soit béni de sa bonté touchante !
Car c’est sa main qui donne en même temps
Oiseaux et fleurs, et santé florissante
Pour égayer le tableau du printemps !
Elisabeth PERIER
Lawford Place, Maningtree, Essex, 5 juin 1891