En mer
Doucement, sur les flots, la barque se balance,
Le pêcheur tend sa voile, et s'éloigne du bord.
Le bruit des avirons trouble seul le silence,
Il semble que tout dort.
Mais non. vers le ciel bleu s'envole l'hirondelle,
Le navire qui part pousse un long sifflement,
Et du canon pointé près de la citadelle
J'entends le grondement.
La nature s'éveille et prend un air de fête,
Elle étale au soleil ses ravissants atours,
C'est l'heure de chanter, prends ta lyre, ô poète,
Célèbre les beaux jours.
Vois en haut de la colline
"La Garde" qui se dessine.
Le Sauveur vers nous incline
Ses deux mains pour nous bénir.
Fuis, nacelle vagabonde,
Entraîne-nous loin du monde,
Nous berçant longtemps sur l'onde,
Oublieux de l'avenir...
J'aime entendre le vent sous la voile légère
Mêlant son doux murmure au bruit confus des flots,
Et du vieux marinier la voix rude et sévère
Éveillant les échos.
J'aime voir les poissons aux brillantes écailles
Accourir follement au filet du pêcheur,
Et là, se débattant, serrant, tordant les mailles,
Éperdus de frayeur.
J'aime... Mais quoi ! Déjà ce n'est plus qu'un mirage,
On aborde... Adieu, rêve... adieu, brise de mer ;
Nous voici dans la foule, et la barque au rivage
A son anneau de fer.
Mathilde AIGUEPERSE