Palinodie des Cordeliers
Lorsque le lierre vert étreint la vieille nef
Donnant aux murs tremblants un espoir de survie
Je médite et revois, orné d'un bas-relief
L'autel de marbre blanc d'une beauté ravie
Le céleste transept éclatant de soleil
Le choeur majestueux aux éclats de vermeil
Et puis le lourd clocher aux secrets dévoilés
De son ombre couvrant tant de corps rassemblés
Sous la douce pression il fallut composer
Sur le sort incertain du monument branlant
Sans regret avoué l'édile chancelant
Désigna de sang froid les murs qu'il fit raser
Des souvenirs anciens un soir s'en sont allés
Effaçant indécents les traces cumulées
Par les membres zélés de cette confrérie
Contraints de s'isoler rue de la Bouquerie
Lorsque l'effroi naissait de frayeurs infondées
Et que les renégats abjuraient leurs idées
La foule amassée plan de la viguerie
Dans la halle fermée attendait la tuerie
Pour supprimer enfin la folle hérésie
De ce schisme mortel troublant la bourgeoisie
Vociférant unie la fourbe hypocrisie
Intolérables instants d'absurde frénésie
Le passé ignoré, amère amnésie,
A gommé à jamais la sombre apostasie
Qu'en est-il du parvis et des rires d'enfants
Jouant dans les recoins de ce beau monument
Celant sous ses dalles aujourd'hui profanées
Les corps raides oubliés de ces pestiférés ?
Jean-Marcel JOVER -