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Des poèmes et des chats
28 janvier 2010

Sur la première crise de goutte que j'eus en 1715

Le destructeur impitoyable,
Et des marbres et de l'airain,
Le Temps, ce tyran souverain
De la chose la plus durable,
Sape sans bruit le fondement
De notre fragile machine ;
Et je ne vis plus un moment
Sans sentir quelque changement
Qui m'avertit de sa ruine.

homme_a_la_canneJe touche aux derniers instants
De mes plus belles années,
Et déjà de mon printemps
Toutes les fleurs sont fanées.
Pour mon arrière-saison,
Je ne vois et n'envisage
Que le malheur d'être sage,
Et l'inutile avantage
De connaître la raison.

Autrefois mon ignorance
Me fournissait des plaisirs ;
Les erreurs de l'espérance
Faisaient naître mes désirs.
A présent l'expérience
M'apprend que la jouissance
De nos biens les plus parfaits
Ne vaut pas l'impatience
Ni l'ardeur de nos souhaits.

La fortune à ma jeunesse
Offrit l'éclat des grandeurs ;
Comme un autre avec souplesse
J'aurais brigué ses faveurs ;
Mais, sur le peu de mérite
De ceux qu'elle a bien traités
J'eus honte de la poursuite
De ses aveugles bontés ;
Et je passai, quoi que donne
D'éclat et pourpre et couronne,
Du mépris de la personne
Au mépris des dignités...

Mais quoi ? ma goutte est passée !
Mes chagrins sont écartés !
Pourquoi noircir ma pensée
De ces tristes vérités ?
Laissons revenir en foule
Mensonge, erreurs, passions ;
Sur ce peu de temps qui coule
Faut-il des réflexions ?
Que sage est qui s'en défie !
J'en connais la vanité :
Bonne ou mauvaise santé
Fait notre philosophie.

CHAULIEU

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