Lettre de ma voisine
J'ai trouvé, n'allez pas rire
En rentrant, sur mon palier,
La lettre que je vais lire
Sur beau papier d'écolier.
"Madame, je dois te dire
Que je vais avoir dix ans.
Tu vois que je sais écrire
Et déjà depuis longtemps...
J'adore mon petit père,
Il est si gentil, si doux !
Toujours il cherche à me plaire,
Il me prend sur ses genoux...
Et nous parlons de ma mère
Qui s'est envolée aux cieux.
Je ne sais pas quoi faire ?
Nous la pleurons tous les deux !
Va, c'est moi qui le console,
Il faut qu'il suive ma loi.
Je fais mes devoirs d'école
Et puis... nous parlons de toi !
Tu ressembles à ma mère,
Tes yeux bleus ont l'air si bons !
C'est sa même voix légère
Et ses mêmes cheveux blonds !
Mon papa, je te le jure,
A toujours les yeux sur toi...
Ah ! de cela, j'en suis sûre,
Je vais te dire pourquoi :
Comme en mon petit lit rose,
Hier soir, il me berçait,
Il m'a dit... Oh ! mais je n'ose...
Eh bien !... Oui, là ! qu'il t'aimait
Puis il ajouta : Mignonne,
L'aimerais-tu bien aussi ?
Comme je te sais si bonne,
Ah ! bien vite, j'ai dit : Oui !
Papa n'ose te le dire !
Tu sais pourtant qu'il est grand,
Et c'est moi qui dus t'écrire,
Il a peur, oh ! quel enfant !
Puis, il faut bien te le dire :
Je m'ennuie aussi, souvent.
Personne ne me fait rire
Et ce n'est pas amusant !
Voisine, ah ! pour petit père
Et pour sa petite enfant...
Daigne écouter ma prière.
Dis, veux-tu ? Sois ma maman !"
Paul MARC