La foule
La foule est une masse molle
Qui garde l'empreinte du doigt
De l'ambitieux qui l'affole
En parlant d'amour et de droit.
Tour à tour timide ou bravache,
Elle tremble ou va de l'avant ;
Elle raffole du panache
Et meurt de faim en le suivant ;
Sans esprit, sans vouloir, sans âme,
Elle va ne sachant pourquoi ;
Elle est changeante, elle est infâme
Et ne connaît ni foi ni loi ;
Elle suit ceux qui la dominent ;
Elle adore les oripeaux ;
Elle hait ceux qui l'examinent
Et les charge de tous ses maux ;
Elle a des colères, des joies
Et parfois de sanglants frissons ;
De même qu'il lui faut des proies
Il lui faut aussi des chansons...
Telle qu'elle est on doit la plaindre
Car elle souffre en bien des cas
Mais avant tout il faut la craindre :
Que dire à qui ne comprend pas ?...
Germaine ABADIE-SEM-BOUCHERIE