Canalblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog
Publicité
Des poèmes et des chats
30 janvier 2008

Sieste

Même la fleur de ses cheveux languit, et midi brûle
Sur la mer dont l'eau lasse et lente avec langueur ondule
Et miroite, et midi brûle dans les bois, et midi
Brûle dans les cases. Pas un souffle. L'air engourdi,
Pesant, sec, est fait de chaleur condensée et solide.
Tout semble mort. L'île est déserte, comme le ciel vide,
Et dès longtemps a cessé l'agitation du port.
Tout dort. Sauf le soleil et ses chiens de flammes, tout dort.
Téhura dort, nue et seule sur sa couchette étroite.
La fenêtre est close de rideaux lourds, mais sa peau moite
S'étoile de points d'or fauve dans la demi-clarté,
Et Téhura dort, à l'abandon, avec volupté.
Soudain, elle tremble, frissonne et frémit tout entière :
L'esprit des morts veille ! Téhura sent sur ses paupières
Passer le vent de l'aile affreuse des Tupapaüs.

Puis le cauchemar s'évanouit et des songes doux
Conduisent la dormeuse à la porte crépusculaire
De la sieste. Elle entr'ouvre ses yeux : la fureur solaire
Et apaisée, on renaît, on respire - et Téhura
Se lève et vers la vie et vers l'amour tend ses beaux bras.

Charles MORICE

Publicité
Publicité
Commentaires
Des poèmes et des chats
Publicité
Archives
Des poèmes et des chats
Newsletter
Derniers commentaires
Visiteurs
Depuis la création 982 943
Publicité