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Des poèmes et des chats
3 janvier 2008

Il était une fois...

"Il était une fois..." On jouait ; on s'arrête ;
Tous les joujoux lâchés quittent la main distraite :
On s'assoit, bouche bée, en faisant des yeux ronds.
balance
Grand'mère, qui tricote à petits gestes prompts,
D'une petite voix commence son ramage,
Et l'on reste, à l'ouïr, sage comme une image.
Le conte qu'elle dit, certes, on le connaissait.
C'est le Chaperon-Rouge, ou le Petit Poucet,
La Belle au bois dormant, le Chat Botté, Peau d'âne,
Cendrillon, les Souhaits, Barble-Bleue et soeur Anne,
Et Riquet à la houppe, et bien d'autres encor.
Certes, on en sait par coeur l'histoire, le décor,
Les répliques ; mais comme on aime à les entendre
Au chevrotement doux monotonement tendre
De grand-mère qui conte en tricotant son bas
Et semble quelque fée, elle aussi, de là-bas !
Soi-même, à ce là-bas, comme on y va, sincère !
Quand c'est le loup qui parle, ou bien l'ogre, on se serre
L'un contre l'autre ; on voit leurs yeux rouges ardents,
Le trou blanc qu'ouvrent dans la nuit leurs grandes dents.
Pauvre Chaperon-Rouge, avec son pot de beurre !
Heureux Petit Poucet ! Lui, sa chance est meilleure ;
Mais il l'a joliment méritée, en effet ;
Et s'il coupe le cou de l'ogre, c'est bien fait.
Ce Riquet à la houppe, en dit-il, des folies !
Et les princesses donc, ce qu'elles sont jolies !
Qu'on les veuille épouser toutes, ça se conçoit ;
Car chacune est toujours la plus belle qui soit,
Et sa robe est couleur du temps, et tout prospère
Au royaume enchanté que gouverne le père.
On y vit dans ce bon royaume ; on le parcourt
En long, en large ; et tout voyage y semble court,
Quelques vastes que soient la ville et ses banlieues
Puisque l'on a chaussé les bottes de sept lieues.
Car on est le Petit Poucet soi-même, sûr,
Et le Prince Charmant, aussi le Prince Azur,
Ton aimé, Belle au bois dormant, le tien Peau d'âne,
Et l'un des cavaliers qu'annonce enfin soeur Anne
Quand Barbe Bleue aiguise en bas son coutelas.
"Allons, mes chérubins, vous devez être las",
Dit grand'mère, "voilà si longtemps que je conte !
"C'est assez pour ce soir. Vous avez votre compte..."

Jean RICHEPIN
10845

 

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