BONTE
Enfant ne rougit pas, si le Dieu de beauté,
Ne t'a pas en naissant paré d'une couronne ;
A ton âme ingénue, il donna la bonté,
La bonté qui sourit, la bonté qui pardonne.
Qui va dans les foyers où jamais le soleil
N'a versé ses rayons, répandre l'espérance,
Qui console l'enfant en lui montrant le ciel,
Et connaît chaque seuil qu'habite la souffrance.
Elle donne au pain noir la saveur du pain blanc ;
Elle calme les vents qui grondent dans les âmes ;
Des amers désespoirs éteint le feu brûlant ;
Et des flots agités sait apaiser les lames.
C'est elle dont la voix redit à l'orphelin
Le nom des chers absents ; qui ferme la blessure
De son âme ulcérée, et de son coeur trop plein
Change en hymne d'amour la plainte et le murmure.
Georges BARES - Saint-Macaire, le 30 octobre 1892