Le chardon du Causse

Je suis enraciné dans le causse
Et je regarde le soleil
Le vent me peigne
Sans me couper
J'ai le coeur offert
Mais je sais me défendre
Avec mes bras d'épines :
Je suis la rose maigres pâturages
Plus forte que les pierres
Je suis comme les hommes du Larzac.

Fou qui croirait
Qu'il peut déraciner
Le peuple des Cardabelles.

Ce pays est comme la mer,
C'est comme un océan de silence
Qui serait fait d'hommes et de bêtes
Et de toutes sortes de plantes
Le ciel est large et proche
Et vous semblez le toucher avec la main
Du clocher de Saint Martin
Chaque instant est mouvement
Et la joie palpite
Comme le feraient les vagues.

Terre du Larzac, ouverte
Aux quatre vents de la révolte
Comme les ailes d'un moulin
Comme le vent d'autan
Pile les branches
Ainsi nous plierons
Le fer des barbelés
Et les grands buis étoufferont l'acier.

Le désert ? Ne le cherchez pas ici
Le désert ? Il est dans le coeur
Des maîtres de la Guerre.

Ici les maisons de pierres et les rochers noirs
Sont nés de la main de l'homme
Auprès des moissons
Et de hautes prairies
Et les hommes sont nés
De leur volonté plus que la terre.
Des lièvres roux s'accouplent
Et les aigles sont bleus
Dans le soir.

Il n'y a plus rien de vieux
Les hommes ni même le pays,
Chaque matin est un matin nouveau
Chaque jour est un jour de naissance
Et les montagnes sautent de joie
Comme les agneaux.

Roland Pécout