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Des poèmes et des chats
26 janvier 2007

Le pessimiste

Et moi... car à mon tour il faut que je réponde,
Et que par mille faits, enfin je vous confonde,
Je vous soutiens, morbleu ! qu'ici-bas tout est mal ;
Tout, sans exception, au physique, au moral.
Nous souffrons en naissant, pendant la vie entière,
Et nous souffrons surtout à notre heure dernière.
Nous sentons, tourmentés au dedans, au dehors,
Et les chagrins de l'âme, et les douleurs du corps.
Les fléaux avec nous ne font ni paix ni trêve,
Ou la terre s'entr'ouvre, ou la mer se soulève.
Nous-mêmes à l'envi déchaînés contre nous,
Comme si nous voulions nous exterminer tous,
Nous avons inventé les combats, les supplices
C'était peu de nos maux, nous y joignons nos vices ;
Aux riches, aux puissants l'innocent est vendu ;
On outrage l'honneur, on flétrit la vertu ;
Tous nos plaisirs sont faux, notre joie indécente ;
On est vieux à vingt ans, incrédule à soixante.
L'hymen est sans amour, l'amour n'est nulle part ;
Pour le sexe on n'a plus de respect ni d'égard ;
On ne sait ce que c'est de payer ses dettes,
Et de sa bienfaisance on remplit les gazettes.
On fait de plate prose et de plus méchants vers,
On raisonne de tout, et toujours de travers ;
Et dans ce monde enfin, s'il faut que je le dise,
On ne voit que noirceur, et misère, et sottise.

Collin D'HARLEVILLE

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