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Des poèmes et des chats
8 novembre 2006

La chatte et les poissons rouges

Sur les bords élevés d'un vase de la Chine
Où brillaient à l'envi l'azur et l'incarnat,
Une chatte angora
Innocente et câline,
Méditait à loisir. Elle aperçoit sa mine
Et son ton gracieux que l'onde réfléchit,
Et son oeil d'émeraude et sa robe marbrée
Qu'enivrait la tortue. Elle-même applaudit
A tant de charme, et de joie enivrée,
S'étonne peu de se voir adorée,
Contemple encor son oreille de jais,
Sa patte veloutée, enfin tous ses attraits.
Son doux murmure et sa queue ondoyante,
Attestent son bonheur. O sort malencontreux !
O trop funeste appât qui captive ses yeux,
Deux êtres merveilleux fendent l'eau transparente ;
La pourpre et l'or s'unit sur leur robe éclatante.
Quel est donc ce mouvant trésor ?
Minette les contemple ; elle est femelle et chatte,
Avance la moustache... avance... avance encor...
Méconnaît le danger. Arrêtez, imprudente !
Le destin vous observe et mesure la pente :
Il rit le traître ! Elle glisse à l'instant,
Et tombe au fond de l'eau, la tête la première.
Trois fois, sur l'onde apparaissant,
Miaulant, criant, gémissant,
Elle appelle, elle appelle, et la maison entière
Reste sourde à ses cris,
Et Babet, la cruelle,
Est insensible, et Jean de sa peine mortelle
Ne s'émeut point ! Hélas, les favoris
Dans le malheur n'ont point d'amis.
Retiens cette leçon, enfant novice encor :
A l'objet qui séduit oppose la prudence,
Le danger est tout près ; use de défiance :
Tout ce qui reluit n'est pas or.

Thomas Gray
Le Monde de la Jeunesse - 15 septembre 1892

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